Un an après la catastrophe, quel été 2025 à La Bérarde ? « On est tous dans l’incertitude » - Mon séjour en montagne (2025)

Gardiens de refuges et professionnels tirent la sonnette d’alarme face à l’incertitude qui règne quant à l’ouverture estivale. Nul ne sait quand et comment on pourra accéder au hameau dévasté en juin 2024.

La saison est censée bientôt démarrer et la route du Haut-Vénéon est toujours inaccessible au public au-delà du hameau des Étages, à 3 km de La Bérarde. Le 21 juin 2024, le torrent des Étançons déversait 300 000 m³ de matériaux sur le village, temple de l’alpinisme perché à 1700 m d’altitude, partiellement détruit, tout comme plusieurs tronçons de la RD530.

Un service de navettes envisagé

Le site et son parking sont encore recouverts par un amas de blocs et, faute d’aires de stationnements suffisantes plus bas, les autorités entendent fermer la route au-delà de Saint-Christophe-en-Oisans, 10 km en aval, envisageant un service de navettes. Onze mois après la catastrophe, l’incertitude plane quant à l’accès cet été.

« L’ensemble de la vallée a été fortement impacté, conduisant à une saison blanche pour la plupart des socio-professionnels », rappellaient il y a quelques jours les cinq gardiens et gardiennes des refuges situés sur les hauteurs du village dans une tribune , intitulée “Veut-on la fin du tourisme et de l’alpinisme dans le Haut-Vénéon ?”. Un appel soutenu par une quarantaine de figures et institutions de la montagne, comme la FFCAM, la FFME, la STD ou le syndicat national des guides (SNGM). « La saison 2024 a été catastrophique, avec une perte de plus de 80 % de chiffres d’affaires, ce que n’a pas suffi à compenser le fonds d’aide d’urgence de la Communauté de communes de l’Oisans (N.D.L.R., 500 000 euros d’aides aux sinistrés économiques). »

L’ouverture des 5 refuges reste incertaine

Et pour l’été 2025, l’ouverture des cinq refuges, Promontoire, Soreiller, Carrelet, Temple-Écrins et La Lavey (sur les 8 que compte la vallée) reste aujourd’hui incertaine. « Les mesures proposées par les autorités ne sont pas à la hauteur des enjeux. Les navettes proposées ne sont pas adaptées aux besoins touristiques et aux contraintes des refuges. Au vu de leur importance pour le tourisme, c’est l’avenir de toute la vallée qui est menacé. » Et d’en appeler aux pouvoirs publics : « Se dirige-t-on vers l’abandon progressif du tourisme et de la possibilité de vivre dans le Vénéon ? »

Accessibles à pied, ces étapes d’altitude n’ont pas été touchées et les sentiers ont été remis en état par les agents communaux et du Parc national des Écrins. Or en ce mois de mai, ces gardiens sont dans l’expectative. «Nous nous retrouvons au pied du mur à quelques semaines de l’ouverture d’une saison qui doit se préparer très en amont. La situation nous contraint déjà à décaler nos dates d’ouvertures et réduire notre saison».

Dès janvier, une réunion avec la préfecture laissait entendre que la route ne serait pas ouverte. Et qu’un système de navettes de 33 places (cinq fréquences aller-retour quotidiennes) serait mis en place pour que les randonneurs et alpinistes puissent accéder au fond de la vallée, soit 160 personnes. Pour les intéressés, il faudrait 200 places minimum. Or aujourd’hui, ils ne savent pas quand un système de transport sera actif.

«Les mesures mises en place par la préfecture compromettent encore plus la viabilité économique des refuges du Haut-Vénéon: fréquence et capacité des navettes largement insuffisantes, absence de plan de fonctionnement de la vallée et fermetures de route prévues en juin pour des travaux mineurs». Or l’ouverture des refuges est cruciale pour l’activité de la vallée et celle des autres étapes en aval (Alpe du Pin, Muzelle, Selle) serait aussi impactée.

Premiers concernés, les guides de haute montagne. Bruno Pélicier, président du bureau de la Bérarde, ne sait pas où il va emmener les premiers stages UCPA, programmés début juin. «Y a-t-il un avenir pour des activités dans la vallée? On a l’impression que c’est le cadet des soucis des pouvoirs publics». Or cet été 2025 est censé jeter les bases d’une expérimentation grandeur nature, pour donner des perspectives. «La question de l’accès est déterminante. Il faudrait une navette en continu. On est capable de dépenser des millions dans les stations et quand il s’agit d’organiser un tourisme différent dans une vallée comme celle-ci, on laisse tomber.»

« On ne sait toujours pas comment on pourra accéder au haut de la vallée cet été»

Les gardiens de refuge abondent: «À plus long terme, le manque de considération pour les acteurs du Vénéon nous interroge sur les objectifs poursuivis par les autorités. Nous comprenons la volonté de limiter les risques liés à une fréquentation inadaptée dans le secteur de la Bérarde, mais ce sont toutes les activités montagne qui sont par là même menacées, et on peut craindre de voir ces territoires peu aménagés complètement désertés.» Avec déjà deux refuges (La Pilatte et Châtelleret) fermés avant la catastrophe, La Bérarde est aux premières loges des effets du climat.

«On est tous dans l’incertitude. La saison est là et on ne sait toujours pas comment on pourra accéder au haut de la vallée cet été. La balle est dans le camp de la préfecture». Il est pris entre marteau et enclume, Jean-Louis Arthaud, maire de Saint-Christophe en Oisans, évoquant pas moins de six versions de plan d’accès, avec navettes, depuis Bourg d’Oisans et Vénosc. «Et je me bats pour qu’on puissemaintenirla circulation jusqu’aux Étages, le hameau3 km avant La Bérarde». La demande a été rejetée, faute d’aires de stationnements suffisantes dans cette vallée de haute montagne. Quant au projet de navettes a minima (cinq fréquences par jour en juillet/août), accepté par la préfecture, pour l’avant-saison, c’est le grand flou: le transporteur, trouvé par la Région, aurait un souci de disponibilité. «Aujourd’hui, on n’a toujours pas de décision, ce qui est gravissime».

Concernant les aides annoncées par les collectivités, Jean-Louis Arthaud préciseque les 16millions du Départementconcernent la portion de RD 530 en aval de Saint-Christophe, fortement endommagée à Venosc. «Vers La Bérarde, le chantier n’a pas commencé». Et quid du soutien annoncé par la Région en octobre, Fabrice Pannekoucke, le président avaitévoqué «un engagement de 5millions d’euros»? Réponse du maire: «Pour l’instant, on n’en a pas vu la couleur».

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